La rébellion touarègue de janvier 2012, la retraite précipitée de l’armée et des autorités maliennes du nord du pays, puis le renversement du gouvernement d’Amadou Toumani Touré (ATT) en mars 2012 ont plongé le Mali dans une crise profonde, qui a pris de court le monde entier. Comment ce pays, longtemps présenté comme un modèle de démocratie et de paix en Afrique de l’Ouest, s’est-il embourbé dans une succession de rébellions et de crises politiques sur fond d’insécurité généralisée et de djihadisme international ? Réputé pour sa culture du consensus, l’État malien moderne s’est pourtant plus d’une fois retrouvé face au risque de partition, étant lui-même issu de la dislocation de la Fédération du Mali. Si la CEDEAO a rapidement réagi au coup d’État du capitaine Sanogo, condamnant fermement sa prise de pouvoir par les armes et appelant les membres de la Communauté à une action rapide et coordonnée, la communauté internationale et les États occidentaux se sont retranchés dans une situation attentiste, d’embarras et de questionnements pendant près d’un an, jusqu’au lancement de l’opération française Serval en janvier 2013. Néanmoins, les signes annonciateurs de la crise étaient bien là, et nombre d’entre eux étaient connus, bien que leur profondeur et leur potentiel déstabilisateur n’aient pas été pleinement mesurés. La présente étude s’intéresse donc au Mali d’« avant », aux « années d’or » – comme elles ont parfois été qualifiées –, durant lesquelles se consolidaient dans l’ombre des dynamiques politiques, sociales, économiques et régionales qui n’attendaient qu’un concours de circonstances favorable pour conduire à l’implosion.
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Source photo : EU Civil Protection and Humanitarian Aid on Flickr
Sécurité & Stratégie 151
La crise malienne de 2012 :
chronique d’une catastrophe annoncée